GUILLAUME HAREUX
Photographe né en 1977
Vit et travaille à Cussay (37)
Guillaume Hareux utilise la photographie comme un outil d’expression de soi à travers lequel il communique son regard sur le monde et entre en communion avec les éléments au grès de la lumière du soleil ou du mouvement du vent. Par le cadrage il oriente le regard et sélectionne une portion du réel pour donner à voir, porter à notre attention ce qui nous entoure. Ses paysages sublimés par la travail de l’image, invitent à la redécouverte de notre environnement, à la contemplation et l’introspection.
C’est par les repérages que le travail artistique commence, à travers de longues marches solitaires dans la nature. L’artiste se laisse guider à la découverte des lieux cachés, hors des sentiers battus. L’inspiration provient parfois de lectures, qui le poussent à voyager de plus en plus loin, par exemple pour son reportage à la Hague réalisé en écho au roman de Claudie Gallay « Les déferlantes. »
Le voyage esthétique de l’artiste a commencé au crépuscule de la technique argentique, pour évoluer en même temps que les moyens techniques, vers un traitement personnel de l’image qu’il qualifie de « développement numérique ». À la manière d’un peintre, il compose ses photographies de manière rigoureuse. Si les repérages sont instinctifs, la démarche devient très rationnelle dès de la prise de vue et lors du traitement vers l’image. Guillaume Hareux pense d’abord en noir et blanc pour se déplacer hors du temps et de l’époque, et se recentrer sur l’essentiel. De la photographie à l’image, la couleur peut surgir lorsque le sujet le nécessite, comme les contrastes chaud-froid des rayons du soleil sur La Hague.
Très attaché à la ruralité, qu’il n’a quitté que brièvement pour toujours y revenir, Guillaume Hareux pense les liens de l’homme et de son environnement. Il défini l’humanité en négatif, ne montrant pas la présence de l’Homme, mais la suggérant par ses traces. Cette présence-absence définit l’humain comme étant partie d’un tout, et non centre du monde.
L’architecture structure le paysage et les images, pour Guillaume Hareux, les bâtiments portent des messages. De la nostalgie des vestiges du passé à l’espoir porté par les constructions contemporaines, l’architecture personnifiée s’exprime comme un visage. « Je photographie un édifice comme je ferais le portrait d’une personne âgée ou d’un nouveau né ». Les lézardes sur les murs témoignent du temps qui passe comme les rides sur un visage.
La question du temps traverse l’œuvre de l’artiste, la photographie garde une trace, fixe un instant. Les temps se superposent dans le paysage, celui de l’Homme, de l’architecture, de la nature, du monde, les âges de la vie qui se succèdent, comme un cycle… Chaque projet photographique est vécu comme un pèlerinage, le ciel occupe souvent une partie importante du cadre comme symbole du sacré. La photographie de Guillaume Hareux est l’expérience d’une quête spirituelle emprunte d’humilité face à l’infinité du temps et de l’espace.
Présentaion par Emmanuelle Boireau